Le musée Bernard Buffet au Japon : la relation de l’artiste avec son public oriental

On ne présente plus Bernard Buffet, peintre français expressionniste du XX° siècle qui marqua la France par son activité au rythme soutenu et son style si caractéristique qui lui valut d’être à 30 ans un peintre millionnaire. Malgré son succès populaire, la critique a pendant très longtemps jeté l’opprobre sur son travail et son mode de vie. Mode de vie qui entraîna l’artiste vers de nombreuses destinations au cours de sa carrière tels que des grandes villes européennes, américaines et asiatiques, notamment au Japon. Il existe dans l’empire du Soleil levant un musée artistique dédié à Bernard Buffet avec pas loin de 2000 pièces exposées. Quelles sont les origines de ce musée et quelles sont les grandes étapes de son parcours.  

Le musée Bernard Buffet

Tout commença en 1963, alors que Kiichiro Okano, banquier japonais, assiste à l’exposition rétrospective de Bernard Buffet à Tokyo, puis à Kyoto au musée d’art moderne. Okano, devenu passionné du travail de Bernard Buffet, rachète une dizaine d’œuvres tous les ans et inaugure dix ans plus tard, le 25 novembre 1973, le musée Bernard Buffet dans le parc naturel Surugadaira à Nagaizumi, ville située au pied du Mont Fuji, à une centaine de kilomètres de la capitale nipponne. Ce musée est le seul dédié à l’artiste qui ouvre de son vivant, et malheureusement ce dernier n’a pas souhaité se rendre à l’inauguration, par appréhension d’être confronté au jugement des autres. Selon son fils, il a regretté cette décision le restant de sa vie. Fort de son succès, le musée ouvre une extension en 1988. À la suite de l’inauguration du musée, Kiichiro Okano a continué ses acquisitions annuelles jusqu’à sa mort en 1995. Ses trois fils reprennent la direction du musée mais n’achètent plus de tableaux. À la mort de l’artiste en 1999, la femme de Bernard Buffet envoie au musée japonais un tableau intitulé Vive la mort. Le musée a cependant connu une fermeture en 2012 pour des travaux de rénovation. Il réouvre ses portes le 22 avril 2013, pour les 40 ans de son inauguration. C’est au cours de cet événement que Mitsuyoshi Okano, actuel directeur, reçut la distinction de chevalier de la Légion d’honneur remise par l’ambassadeur Christian Masset. Aujourd’hui, le public peut admirer pas loin de 2000 œuvres qui englobent des peintures, des aquarelles, des gravures, des affiches et diverses illustrations. Cette collection est la plus complète des toiles de l’artiste au monde. Il est également possible de visiter la galerie  

Le Japon et Bernard Buffet

Le style expressionniste épuré de Bernard Buffet où les formes sont délimitées par des bordures noires incisives, où l’espace est mis en valeur a longtemps été qualifié de « misérabiliste » en France. Le public japonais y a vu un art similaire à leur art traditionnel de l’estampe, ce qui leur a tout de suite plu. Des sources prétendent que c’est pendant son exposition rétrospective au musée d’art moderne à Tokyo que Bernard Buffet eut un coup de foudre pour Okano, et ainsi naquit sa longue relation avec le Japon. Cette appétence pour l’Empire du Soleil levant se remarque dans son travail. Ayant assisté régulièrement aux luttes sumo et à d’autres performances culturelles traditionnelles, on peut trouver dans le musée Bernard Buffet ses toiles représentant des combats de sumo ou des représentations de théâtre kabuki. À la suite de l’ouverture du musée, Bernard Buffet retournera plusieurs fois au Japon pour des expositions rétrospectives. Alors que Bernard Buffet est très connu pour son grand nombre de toiles, il a aussi réalisé quatre sculptures en bronze, deux scarabées et deux papillons, des insectes que l’on retrouve en Europe et dans la culture japonaise également. Un des scarabées et un des papillons sont sur la place de l’hôtel de ville de Tourtour, la ville où Bernard Buffet s’était installé et où il a fini sa vie. Les deux autres sont dans le parc du musée Bernard Buffet au Japon. On pourrait croire que l’amour que portait Bernard Buffet pour le Japon ne méritait pas plus de preuves. Pourtant, les dernières volontés du peintre furent que ses cendres soient dispersées dans le jardin du musée.